Mes amours de vacances
Cette année, j’ai choisi de prendre mes vacances en décalées. Je voulais faire durer le plaisir, découvrir si toutes les personnes qui disent, "c’est vraiment mieux de partir en septembre" ont raison. Mon mois d’août étant parsemé de festivals, septembre m’ouvrait les bras. Dès lors, à la moitié de ce mois qui nous pousse à renfiler nos vestes et à ressortir les jeans, je vais prendre ma collection de maillots de bain et partir loin, très loin. J’en reparlerais par ici, mais en septembre, direction Bali. Solo. Moi, mon gros sac à dos, ma zone de confort, le sable, les singes, les vagues et des cocktails. Pauline, ma copllègue a déjà visité l’île des dieux. Quand j’ai évoqué mon programme, elle s’est exclamée tout sourire "tu vas te régaler. Il y a plein d’Australiens à Bali, c’est évident que tu vas en choper un".
Il y a pire programme, pour le mois de septembre que de choper des Australiens. Ça m’a même traversé l’esprit. On a rigolé en m’imaginant tomber amoureuse d’un grand blond surfeur, et de tout quitter pour m’installer avec lui à Bali. Et si cette idée rocambolesque me fait battre les cils, je sais aussi que toute la beauté de l’amour de vacances, réside dans le fait, qu’il s’arrête à la fin de celles-ci.
Bien sûr, bien sûr, certains font perdurer cette idylle, se retrouvent, vivent ensemble et font même des enfants. C’est notamment le cas des parents d’une amie, qui se sont rencontrés en été, et qui n’ont depuis, cessé de s’aimer.
Chez moi, les amours de vacances ont toujours été fugaces. Une histoire intense, très courte, où tout semble possible. Une anecdote à raconter, un souvenir doux auquel repenser durant les fraîches soirées d’hiver. Le piment de mon été, la cerise sur le gâteau estival.
C’est l’amourette salée qui vient tout sublimer. On sait dès le début, que cette histoire ne durera pas. Nul besoin de raconter tous les détails de sa vie à l’autre, nul besoin qu’il découvre tous nos défauts, nos petites manies, nos grandes hontes. Il n’y a que l’amusement et le plaisir. On peut alors se retrouver à vivre en quelques semaines, le temps d’un week-end ou d’une nuit, ce qu’il faudrait construire en plusieurs mois. On profite seulement des beaux côtés de la personne. Tout est sublimé, le teint hâlé par le soleil, les sourires qui illuminent le visage, le stress de la vie est resté sur le quai de la gare… On se sent détendu, libre, heureux et tout est plus facile.
Des amours de vacances, j’en ai eu quelques-uns, et j’aime croire que ces rencontres ne disparaissent pas, lorsque les grandes vacances deviennent 5 semaines de congés payés.
Mon premier petit ami, si on peut lui donner ce titre, s’appelait Esteban et c’était durant un été, au camping. Pendant plus de 10 ans, j’ai, tous les étés, fait du camping. Derrière mes airs de princesse (mon ex m’a appelé comme ça une fois et ça sonnait comme une insulte), je suis un peu roots. Un bon mélange entre les deux, disons. J’adore dormir dans une tente, l’ambiance qui règne entre les allées et malgré tout, j’aime aussi les fêtes de camping.
Esteban m’avait donc demandé si je voulais sortir avec lui. Le temps d’une semaine (mais eh, c’est déjà ça de pris). C’était la première fois qu’un garçon me posait cette question. LA question. Après un Paul qui ne me trouvait pas assez bien pour lui (petite référence à ma première newsletter, si tu ne l’as pas lu, elle est ici), voilà que ce garçon de 10 ou 11 ans voulait que je sois moi ! sa petite amie !
Notre relation consistait à se tenir la main dans le camping, se courir après au bord de la piscine et s’incruster en douce dans le champ d’à côté, pour voler des épis de maïs. On ne s’est pas embrassé, j’avais peur. Mais c’était bien. C’était bien, et à la rentrée, j’allais pouvoir raconter à tout le monde que j’avais eu un petit copain.
Mon premier bisou, était aussi avec un amour de vacances, Mathieu. J’avais 14 ans, il en avait presque 18 (j’ai dû attendre d’être adulte pour réaliser qu’un mec qui vient de passer le bac et qui drague une collégienne, c’est très glauque). Mais moi, qu’est ce que j’étais heureuse ! Il faisait partie d’une bande de 4 garçons qui venaient fêter la fin du lycée dans un camping du Lot-et-Garonne. On jouait tous dans la piscine, on regardait les étoiles, on faisait des jeux de cartes, et une après-midi, Mathieu m’a demandé de le rejoindre sur le terrain de foot. J’y suis allée, il s’est avancé vers moi et m’a embrassé. C’était mon premier bisou ! Voilà trois années de collège que je cherchais tant bien que mal un cobaye, un garçon de mon âge à embrasser, avec qui sortir, pour faire comme les meufs stylées de ma classe. Et ça arrivait enfin. Un brun ténébreux, torturé, vivant à Paris, de presque 18 ans ! Et il m’embrassait moi ! En voilà une belle case de cochée.
Et puis il y en a eu d’autres, des bisous, des amours, des vacances. J’ai continué à batifoler, l’été est restée ma saison préférée, justement parce qu’elle me semblait être celle de tous les possibles.
Je n’ai rien contre le printemps, l’automne me semble un peu triste et l’hiver un poil trop froid. L’été a toujours eu une saveur toute particulière. La saveur de l’infini. Le soleil brille, les après-midi semblent interminables et la vie prend un tout nouveau rythme. C’est la période où les nuits blanches pour regarder le jour se lever, apparaissent plus tolérables. Les bains de minuit viennent sublimer les fins de soirée. Et les rencontres se veulent plus vives, plus uniques. Durant l’été, pas le temps d’apprendre à se connaître dans les détails, on se contente des grandes lignes. Ces personnes, ces amours de vacances, je ne les aurais certainement jamais rencontrés dans la vie de tous les jours. Mais là, les pieds dans l’eau, les émotions s’enchaînent à cent à l’heure. Le peu de temps n’offre pas l’opportunité de se poser mille questions. Il faut vivre, il faut le vivre, maintenant, avant que la fin des vacances n’arrive. Avant que septembre ne soit là.
Ma plus mignonne histoire d’été était avec Pierre-Louis dans un camping des Gorges du Tarn et elle n’a duré que trois jours. J’étais d’abord devenue copine avec sa soeur, mais très rapidement, il n’y avait plus que lui et moi, au bord de la rivière, à regarder les étoiles et à se faire des bisous en ricanant. Je me demande souvent ce qu’est devenu ce jeune roux adorable, qui a fait battre mon cœur le temps de quelques jours.
L’Hollandais dont j’ai oublié le nom, m’a offert une soirée d’été qui met du baume au cœur. On a simplement regardé les étoiles, allongés sur une table de ping pong, en se tenant la main. Le lendemain, il m’a dit au revoir, le regard triste. Le regard qui dit "j’aurai aimé que ça dure un peu plus".
Aujourd’hui, je ne fais plus vraiment de camping, je rencontre souvent mes amours de vacances dans des bars ou des festivals. On enchaîne quelques verres, avant de danser des paillettes plein le visage. Le soleil se lève à l’heure où on rentre se coucher, bras dessus bras dessous. Les jours qui suivent ne sont que lévitation sur un nuage de “pourquoi pas”. Pourquoi ne pas continuer avec cette personne ?
C’est un peu le fantasme absolu, autour de l’amour de vacances. Pourquoi devrait-il se terminer ? Attention déformation professionnelle, mais lorsqu’on cherche “Amour de vacances” sur Google, le premier résultat est un article de Cosmopolitan pour réussir à le faire durer. Je comprends l’idée. Je comprends l’idée et très souvent, j’ai un peu laissé mon imagination débordante écrire des scénarios, où mes amours de vacances ne s’arrêtaient pas, même après la rentrée. Récemment encore, je me suis laissée à penser que je pourrais vivre une idylle avec cet étranger. Que ce ne serait pas juste l’histoire d’une nuit, mais bien une aventure avec des avions, de l’organisation et de la passion. Bon, soyons honnête, mon empreinte carbone est déjà suffisamment mauvaise pour me rajouter un amoureux à plusieurs heures de vol. En termes d’organisation, mes week-ends jusqu’à octobre sont presque tous bookés et la passion, même si elle était bien présente cette nuit-là, peut également se vivre ici, à domicile.
Christophe Rippert avait certainement raison, lorsqu’il chantait, “C’est un amour de vacances, une histoire sans lendemain”.
Mes idylles ensoleillées, restent donc de doux souvenirs. J’y repense en regardant le soleil se coucher, depuis le hublot de l’avion ou la fenêtre de la voiture. Les jours qui suivent, tous les visages me rappellent l’autre, j’en parle à toutes mes copines, jusqu’à ce que le souvenir s’essouffle et qu’il devienne un beau moment, au milieu d’un été de beaux moments.
Ces prochains mois, j’aimerais bien vivre une nouvelle fois comme à 16 ans. Sentir les papillons en croisant le regard de l’autre. Partager ou non, les détails de ma vie. Jouer l’inaccessible puis lui tomber dans les bras. Danser, rire, regarder le jour se lever, avant de retourner à la réalité, des images douces plein la tête. À Bali comme à Paris, j’ai envie d’aventure, d’amour de vacances. De sentiment d’infini, de savourer chaque instant avant qu’il ne disparaisse. Avoir de nouveau, le coeur qui bat au rythme de l’océan, courir dans les champs de maïs, danser à la fête du camping, regarder les étoiles et s’embrasser allongé sur un passage piéton.
Je te souhaite des amours d’été qui te donneront envie de rester éveillé jusqu’au lever du soleil et de vivre encore plus intensément.
Bisous,
Lauréna
P.s : une petite chanson pour te mettre dans l’ambiance (si elle te reste dans la tête, sorry not sorry).